Infos nationales: Comment le prolongement du boulevard Saint-Germain est devenu le boulevard Henri IV #France
Voici un papier que nous sommes heureux de révéler ici sur notre blog. La thématique est « Actualité française ».
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Titre exacte donné par le journal était: Comment le prolongement du boulevard Saint-Germain est devenu le boulevard Henri IV
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Le bon roi Henri IV. Le plus aimé de nos souverains. Le premier des Bourbons, révéré par ses descendants, égratigné par les révolutionnaires, porté au pinacle par la Restauration, consacré par les manuels de la IIIe République. On pourrait croire qu’on lui a fait à Paris une place de roi. Ce n’est pas vraiment le cas.
Cherchons-le d’abord là où on penserait le trouver, là où il laissa ses principaux legs à Paris : la place des Vosges et la place Dauphine. Il n’y est pas nominalement.
La première fut baptisée place Royale, car c’était la première des cinq places royales bâties à Paris. Particularité: cette place Royale ainsi baptisée en 1605 marque la prise en main par le pouvoir de la dénomination des rues jusque-là assurée par le peuple de Paris lui-même: depuis plusieurs siècles, ces noms avaient été choisis en référence aux lieux proches desservis par ces rues – un système frappé au coin du pragmatise – ou à quelques propriétaires de terrains. Sous Henri IV, le pouvoir politique s’invite dans un jeu dont il ne ressortira plus jamais.
La Place Royale perdit naturellement ce nom à la Révolution, devenue place des Fédérés puis de l’Indivisibilité. Sous le Consulat, Napoléon, qui écrivait déjà l’Histoire, entendit rendre hommage au premier département français, les Vosges, qui s’était acquitté de ses impôts sous la Révolution. Redevenue Royale à la Restauration, puis sous le Second Empire, elle ne reprend l’appellation vosgienne que sous la IIIe République, héritière en cela de la Révolution.
Quant au square de la place des Vosges, il porte le nom du fils d’Henri IV, Louis XIII – la place fut inaugurée en 1612 à l’occasion de ses fiançailles avec Anne d’Autriche –, qui y fera dresser sa statue équestre. Henri IV était un roi généreux pour son rejeton, il lui laissa une place de choix. On a bien trouvé une petite rue Henri-IV au XVIIe siècle, qui partait justement de cette place Royale (aujourd’hui la rue du Pas-de-la-Mule), mais elle est débaptisée sous le règne de son fils en 1636.
Louis XIII encore, place Dauphine. Cette place fut en effet conçue par Henri IV en hommage à son fils né en 1601, le Dauphin, pour lequel il avait déjà fait creuser, rive gauche, la rue du même nom, la rue Dauphine, qui y menait. Puisqu’on vous dit qu’il était généreux ! Il fera preuve de la même générosité pour sa fille Christine – la rue Christine, qui donne dans la rue Dauphine – et son fils cadet, le duc d’Anjou, – la rue d’Anjou, devenue la rue de Nesle sous le second Empire, qui débouche aussi dans la rue Dauphine -.
La place Dauphine, deuxième des cinq places royales, était à l’origine une place triangulaire érigée de trente deux belles maisons conçues justement sur le modèle de la place des Vosges. Henri IV confie le projet immobilier à l’un de ses amis, le président Harlay, qui y aura sa rue sous le règne de Louis XIII, avant Henri IV – elle existe toujours, juste devant le tribunal d’instance. La place Dauphine, qui devait accueillir à l’origine la statue équestre de Henri IV, visait à combler le bras d’eau qui passait là et à fermer ainsi la pointe de l’île de la Cité entre le palais et le Pont-Neuf, vieux projet du XVIe siècle qu’Henri IV avait fait aboutir.
Une statue trop célèbre
Dans cet ensemble, il ne restera, à son effigie, que sa statue équestre, sur le Pont-Neuf, et en contrebas, un square auquel elle tourne le dos, opportunément baptisé Vert-Galant, deux siècles plus tard, en 1884. La Mairie de Paris venait de racheter le petit square et le baptisa ainsi, en référence à la réputation donjuanesque du souverain, qui s’imposait alors dans les manuels d’histoire.
Faisons une hypothèse : la statue érigée en 1614 (après la mort d’Henri IV), devenue un des hauts lieux architecturaux et de promenade de la capitale, a longtemps suffi à assurer sa présence dans la ville. Plus besoin de le nommer ailleurs, la statue remplissait cet office.
Mais son absence devient criante lorsque son culte est réanimé. La bascule a lieu dans les premières années du XIXe siècle, sous le Consulat de Bonaparte, qui a la même fonction réconciliatrice, après la Révolution française, que le règne de Henri IV, après les guerres de Religion. « Il se met alors en place dans la mémoire nationale, dans les arts, au théâtre, dans les tableaux, un duo : d’une part, le roi martial, fanfaron, proche du peuple, de l’autre, son principal ministre, garde-fou, qui a le sens des réalités, son faire-valoir qui tient les cordons de la bourse du royaume », analyse l’historien Laurent Avezou, auteur d’une toute récente biographie de Sully (éd. Tallandier). Car ce ministre, on l’aura reconnu, est Sully. C’est par Sully qu’Henri IV va arriver dans la topographie parisienne.
L’Arsenal, c’est déjà ça
Pour le trouver, il faut aller chercher de l’autre côté des îles, vers l’Arsenal, fondé par François Ier, reconstruit sous Charles IX, où Henri IV n’a, certes, joué qu’un rôle mineur. Mais de cet Arsenal, Sully, grand maître de l’artillerie, en avait fait sa résidence. Le premier des Bourbons avait pris pour habitude d’y séjourner, selon l’usage qui voulait que le roi descende dans les hôtels particuliers de ses ministres. Pour sa jouissance personnelle, il y avait fait même aménager deux pièces. C’est en s’y rendant qu’il fut assassiné, non loin de là, rue de la Ferronnerie, le 14 mai 1610.
Lorsque l’Arsenal, grâce au dernier de ses gouverneurs, le marquis d’Argenson, devient une bibliothèque publique, en 1797, il perd sa dimension militaire. Dix ans plus tard, Napoléon décide d’y faire percer quelques nouveaux axes. Trois d’entre eux prennent les noms de ses officiers tués à Austerlitz, Bourdon, Morland et Castex, mais il n’a pas oublié l’ancien occupant des lieux, le duc de Sully, à qui l’on prête le crédit d’avoir redressé la France.
En réalité, ils furent plusieurs ministres à y contribuer et le redressement fut seulement amorcé sous le règne suivant, celui de son fils Louis XIII. Mais Sully a d’autres vertus : « C’est un protestant. Or, depuis la fin du règne de Louis XVI, les protestants sont revenus dans le giron de la nation, sa religion n’est donc plus un obstacle. Ses réformes économiques ont été aussi validées par le courant des physiocrates au milieu du XVIIIe siècle. » Sully a donc droit à la reconnaissance en obtenant, en 1807, une rue à son nom, qui longe l’ancien Arsenal.
Ce nouveau statut est confirmé quelques années plus tard quand Sully est choisi comme l’un des quatre hommes d’État, dont on édifie la statue devant la nouvelle façade antique du Palais-Bourbon. Avec Colbert, il est l’autre économiste, en compagnie de deux juristes législateurs, Michel de L’Hôpital et d’Aguesseau à avoir cet honneur. La Restauration, qui rétablit la statue d’Henri IV sur le Pont-Neuf, détruite sous la Révolution, ne remet évidemment pas en cause son ami Sully.
Henri-IV, un quai d’abord
Après 1840, on songe à rattacher l’île de Louviers au bassin de l’Arsenal. C’est alors que le nouveau quai est baptisé Henri-IV, par capillarité avec son ami, compagnon d’armes et ministre, Sully. Toutes les rues qui sont ouvertes alors dans ce nouveau quartier adoptent, à partir des années 1840 jusqu’à la fin du Second Empire, des noms d’amis, compagnons et collaborateurs du roi : Agrippa d’Aubigné, Schomberg, Mornay, Brissac, Crillon. C’est le quartier « Henri IV » de Paris.
Mais pour qu’il obtienne son boulevard, il lui faudra attendre encore trente ans et la IIIe République. La création d’un axe reliant la rive gauche de la Seine à la Bastille faisait partie des nombreux plans de Haussmann. La chute du Second Empire, en 1870, l’a empêché de mener à bien certains projets. Celui-ci voit le jour en 1876, sous la IIIe République.
À l’origine, cette artère devait continuer à porter le nom du boulevard Saint-Germain, qu’elle prolongeait en partant de la rive gauche. Mais lorsqu’il est achevé trois ans plus tard, en 1879, la Mairie de Paris, pourtant désormais très républicaine, après les élections législatives de 1879 qui voient le triomphe des républicains sincères aux dépens des orléanistes et autres monarchistes, estime logique de donner à ce boulevard majestueux le nom du monarque déjà présent dans la dénomination du quai voisin.
Le débat est pourtant animé au sein du conseil municipal, car on n’a pas oublié l’amour fervent des derniers rois pour le premier des Bourbons, réhabilité à partir de 1814. Mais Henri IV tient la corde et on obtient cette incongruité d’un boulevard « royal » dédié au premier des Bourbons débouchant à l’endroit même qui sonna le glas de cette dynastie, la Bastille.
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Les deux amis, Sully et Henri IV, peuvent désormais se croiser topographiquement, à deux pas de Rimbaud, immortalisé par la statue de L’Homme aux semelles devant. Sully n’a cependant pas dit son dernier mot. Dans l’axe du nouveau boulevard, on refait les passerelles qui reliaient rive droite et rive gauche. Elles portaient des noms de conquêtes orientales, Constantine et Damiette, qu’on débaptise au bénéfice de Sully, dont le pont se prolonge ainsi en boulevard Henri-IV.
Ce changement va en entraîner un autre sur l’île Saint-Louis, que traverse le pont Sully. Le quai était nommé alors le quai des Balcons, souvenir d’un vœu pieux de l’architecte Louis Le Vau pour la décoration des bâtiments en façade. On le rebaptise quai de Béthune, le duc de Sully étant né Maximilien de Béthune.
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